Categories:>

Le jardin de Buffon

Le Jardin des Plantes à Paris est un lieu où l’on marche lentement. On entre en ce lieu vert par une allée droite. On en sort par un chemin aventureux. Tout au long de ces chemins bien tracés, le regard se pose sans avoir rien cherché. C’est la découverte. Les voyages sont au coeur de la capitale.

Bruits étranges, odeurs fauves, insistantes, avertissent que là commence un territoire.

Dès que la guérite du billet d’entrée est franchie, un charme est certain. On oublie les barreaux, les chaînes, les cadenas, l’espace étroit interdisant tout envol – on a coupé l’aile des mouettes – la terre dure ou boueuse sans herbe à renifler ou mâchonner.

Il y a des arbres, des arbres rares, des cabanons en brique ocre-rose emplis de paille où l’on aimerait s’arrêter une nuit, y dormir peut-être, des statues éternelles, immobiles, solitaires comme des gardiens. Et, pour mieux méditer ou sourire, des bancs de pierre, des bancs de bois, des petites chaises aux quatre pieds fragiles attendent le visiteur inconnu d’un moment du jour. La nuit, le jardin est enfermé. Aucun regard ne vient troubler l’ordre animal.

Tous les êtres qui viennent ici sont aussi différents que ceux qu’ils sont venus regarder. Ensemble ou seuls, jeunes ou nostalgiques, curieux ou indifférents, peintres, comptables, amoureux, exhibitionnistes, amants ou couples tristes, toutes les différences se promènent en ce jardin. Le photographe est toujours là, prêt à saisir l’apparence, Les saisons se suivent au rythme des pas tranquilles. Avec le soleil, avec la pluie, peu importe le temps quand on a le temps d’un rendez-vous.

La ballade est ce qui reste de l’enfance, quand l’imaginaire partait en voyage aux antipodes, avec sa sensibilité à vif pour bagage. Les odeurs, les bruits, les êtres et les choses avaient une présence terrestre. Cette présence silencieuse, souffle sur les promeneurs de jardin, le don d’enfance à ne jamais oublier.

Et l’or de la paille, litière des fauves en exil, crépitent des pépites dans leurs yeux, quand à la fin de la ballade ils quittent le jardin en emportant le goût fugace des origines enfouies, pour quelques moments retrouvés.

————

1976  Le jardin de Buffon – 50 dessins, 30 photographies
1983  Achat d’un dessin par le F.N.A.C.
1986  Subvention du CNC, Court métrage animé, 9 min, musique de Jean-Pierre Drouet, La Fabrique
1988  Prix de qualité du CNC
1989  16 cartes postales, Adrien Maeght, Paris

Où es-tu ?

Un pied sur Terre

Mon père

Les antipodes

Iguana iguana

Ne marchez pas sur moi

Aurevoir

Les chemins qui bifurquent

Tu te souviens

Écritures