Julio Cortazar, écrivain
Saignon, été 1971
Alanguie dans le hamac avec le bercement léger du balancement, je m’évadais dans une douce somnolence où les pensées sont heureuses, l’évasion sereine, troublée seulement par le chant monotone et exaspérant des cigales mâles en été appelant leurs belles.
La chaleur nous aspirait dans sa torpeur et nous rentrâmes dans la maison de Julio.
L’écrivain était déjà dans son fauteuil, chapeau de paille sur la tête, comme si il voulait se protéger des ardeurs du soleil à l’intérieur.
Vint l’instant de la pipe. A contre jour, je vis les volutes de la fumée bleutée dessiner des arabesques mouvantes et fascinantes s’échapper du fourneau de sa pipe droite.
A ce moment je me demandais si c’était les volutes de la fumée ou Julio que je photographiais. Je n’en sais rien encore, puisque je la retrouve sur le Web à des dizaines d’exemplaires sans être rarement créditée, c’est que la photo est bonne.