Categories:> Le roman d'un instant

Fausto et Julio

Vérone, Somma Campagna, Fonderia Artistica Frateli Bonvicini, été 1971

C’était la première fois que je pénétrais à l’intérieur d’une Fonderie d’Art.
Devant les ateliers, il y avait un long cortège de Saintes et de Jésus en bronze, destinées aux tombes des cimetières des environs et je le supposais, de toute l’Italie.
Jésus avait ses bras qui pendaient accrochés autour de son cou. Les Saintes éplorées qui ne savaient pas qu’elles étaient avant tout Femme, attendaient leur tour pour retrouver leurs bras, leurs mains, leur tête, et naître enfin après un long chemin d’apprentissage.
A l’intérieur, il y avait les grands fourneaux, là où on coulait le bronze en fusion, et un autre cortège de sculptures désarticulées attendaient le moment de leur naissance.
Certaines étaient déjà enfermées dans une architecture de tuyaux creux en bambou.
Chaque tuyau en bambou, piqué dans la sculpture à fondre avait sa fonction précise.
C’était toute une connaissance, un savoir faire pour perpétuer des œuvres pour l’éternité.
Qui était l’Artiste ? Le Sculpteur ou le Fondeur ? L’un sans l’autre ne peuvent exister.
Impressionnée par toute cette science, je demandais à Fausto et à Julio de se rapprocher.
Le Fondeur heureux d’être vu, le Sculpteur satisfait de voir l’aboutissement de son rêve.