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Sans contacts, sans mémoire

Gregory Corso, poète de la Beat-Génération et Jean Michel Folon, dessinateur
Milan, chez Paolo Lionni, circa 1963-64

N’ayant plus la planche contact ni les négatifs disparus dans les méandres du temps, il est difficile de me souvenir de ces moments passés chez Paolo Lionni à Milan.
Je me souviens seulement que Jean-Michel avait fait une photo de Grégory Corso tenant un revolver sur sa tempe. Puis j’avais pris le relai. Jean-Michel attentif, écoutant parler Gregory Corso. Celui-ci dressait l’index de sa main gauche en regardant Jean-Michel.
Il était particulier ce doigt levé. A quelques pas de l’endroit où nous étions chez notre ami, était La Cène dans le réfectoire de l’Eglise Santa Maria Del Gracie à Milan, et je pense alors aujourd’hui, sans contact et sans négatif, au doigt levé vers le ciel de l’Apôtre Saint-Thomas à la gauche du Christ. Au doigt levé de la Vierge au Rocher, celui de Bacchus et de Saint-Jean Baptiste, tous les trois peints par Leonard de Vinci.
Il y a aussi le doigt levé de Platon par Raphael, celui de la Casa del Fauno, à Pompéi.
Plus loin encore dans le temps, le doigt levé du Colosse de Constantin à Rome.
Le doigt levé montre, indique. Il commande, ordonne, dirige, c’est le doigt de l’autorité.
Il est aussi chez les Dogons le doigt de la vie, le doigt du maître de la parole1.

 

1. in Dictionnaire des symboles de Alain Gheerbrant et Jean Chevalier