François, mon fils
Au bord de l’Anglin à Concremiers, 24 juillet 1988
François aimait et aime encore enregistrer les bruits insolites qui l’entourent.
Les bruits qui sifflent, les bruits qui chuchotent, les bruits qui grincent, tous les bruits.
A Concremiers à la tombée du jour, le bord de la rivière offrait une multitude de petits bruits.
A celui qui y est sensible, c’est un privilège qui n’est pas donné à celui qui passe sans entendre, sans écouter : le bruit de l’eau coulante, le coassement des grenouilles mâles, le frôlement des chauve-souris, le plongeon du ragondin, les grillons stridulant au creux d’un vieux tronc d’arbre, le frou-frou d’une brise légère s’engouffrant dans les aubes du moulin accompagné du chant de l’eau qui s’y frottait. Et pour émerveiller davantage, les lumières des lucioles clignotant entre les herbes au ras de l’eau jusqu’à la cime des arbres.
François avait enlevé ses chaussures et pieds nus s’aventurait au bord de la rive.
L’enregistreur dans une main, la pipe à la bouche il écoutait le silence grouillant de vie.