Categories:> Le roman d'un instant

C’est dans l’obscurité que l’on y voit le plus clair

Jean Michel Folon. Bob Blechman, artistes
Eglise de Burcy, automne 1970

Dans l’église Saint-Amand, sur la butte de Burcy surmontant la plaine des blés, et quarante ans après l’Instant de cette double photo, rien à changé. Ou presque.
Il y avait ce jour là avec nous et pour notre joie, Bob Blechman et sa femme Moischa.
Pénétrant la pénombre le silence emplissait l’espace, comme dans tous les lieux sacrés.
Nous déambulions au milieu de la nef, entre les chaises, les prie-dieu et le lutrin.
Les yeux de nos têtes se tournaient à droite, à gauche, se levaient vers l’autel.
La clarté pâle traversait les fenêtres aveugles sans couleur et sans image.
Les vitraux de Folon n’existaient pas encore, et leurs riches reflets n’éclaboussaient pas encore ni les dalles de pierre, ni les sièges, ni la fine dentelle sur l’autel.
La clarté éclairait seulement les visages. Je vis Bob recueilli, mains derrière le dos.
On se regarda, échangeant des messages silencieux. Sans un mot je pris la photo.
Puis il alla vers une porte, la sacristie je crois, d’où émergeait l’obscurité.
Sa silhouette se détachait sur le fond sombre du lieu, décor imprévu.
Avec un signe de la tête, je demandais à Jean-Michel de se placer là aussi.
Ils étaient devenus les acteurs de leur propre image.