Sophie, Trouville, 8 août 2006, 17h 30
Sophie et Vincent étaient venus nous chercher à la gare de Trouville. Nous avions marché au bord de la Touque à marée basse, où l’on pouvait apercevoir les pêcheurs bottés haut, marcher dans la vase profonde, pelle, fourche et sceau au bout du bras. Ils cherchaient le coquillage, l’anguille ou le ver bien gras prometteur d’une pêche abondante.
Les mouettes fouaillaient elles aussi dans la vase grise de leur grand bec pointu, à l’affut du moindre petit morceau de vermisseau frémissant. Avec leurs grandes ailes blanches ouvertes, elles repartaient au dessus du chenal dans un vacarme assourdissant, dans l’air pure d’un jour d’été. Puis dans un grand éclaboussement elles se posaient pattes en avant sur le filet d’eau du chenal s’écoulant vers la mer, leurs ailes immaculées frôlant parfois le promeneur attardé, avec un cri rauque perçant.
D’un pas tranquille nous avions continué notre promenade, marchant sur les planches en bois épousant la ligne de la plage. Elles laissaient parfois le souvenir d’une écharde pointues sous les pieds nus. Nous sommes arrivés devant l’Hôtel des Roches Noires, où les Illustres venaient se calmer des rumeurs de la ville.
Sophie venait souvent se promener avec Vincent pour la beauté du lieu, pour l’histoire de son passé, pour les ombres des stars circulant en silence entre les colonnes du grand hall d’entrée.
Elle voulut nous le montrer. Montés tous les quatre au premier étage, la lumière fin de journée était lumineuse. Sophie connaissant les lieux de longue date se dirigea vers la fenêtre au balcon.
Elle regardait le spectacle, comme on regarde sans fin, sans bouger et sans parole, la vague.
Je me souviens de ce moment, comme d’un moment de grâce instantané, imprévu.
Elle si douce, si calme dans son rayonnement, son visage alors transmettant toute la beauté d’un moment d’éternité.